mercredi 27 septembre 2017

673 - Le pouls profond de l'Afrique

Sénégal 2016                                                            photo 5164d n&b    1/30

Senegal : Yoff, un vent à decorner les bœufs, des chèvres dans les rues, à part la rue principale pas de goudron ,du sable, des tapis de mouches absolument partout ...


Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
À peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu'il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des villages perdus.

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s'alourdit la langue des chœurs alternés.

C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.
...

Léopold Sedar Senghor

lundi 25 septembre 2017

672 - La lavandière


Laos 2013                                     photo 1570 n&b   1/30

Laos :Vang Vieng, la lessive dans la campagne juste avant Ban Phone Ngeum ...

Sachez qu’hier, de ma lucarne,
J’ai vu, j’ai couvert de clins d’yeux
Une fille qui dans la Marne
Lavait des torchons radieux.
...
Ô laveuse à la taille mince
Qui vous aime est dans un palais.
Si vous vouliez, je serais prince ;
Je serais dieu, si tu voulais. — »
Victor Hugo La chanson des rues et des bois

vendredi 22 septembre 2017

671 - Les piègeurs d'oiseaux

Laos 2013  photo 1571 n&b    1/30

Laos :Vang Vieng,  environs Ban Phone Ngeum.  Les piégeurs d'oiseaux. Je m'étais égaré en suivant un torrent asséché quand je suis tombé sur ces deux pirates... Ils fabriquaient leurs pièges sur place ...

Oui, l'homme est responsable et rendra compte un jour.
Sur cette terre où l'ombre et l'aurore ont leur tour,
Sois l'intendant de Dieu, mais l'intendant honnête.
Tremble de tout abus de pouvoir sur la bête.
Te figures-tu donc être un tel but final
Que tu puisses sans peur devenir infernal,
Vorace, sensuel, voluptueux, féroce,
Échiner le baudet, exténuer la rosse,
En lui crevant les yeux engraisser l'ortolan,
Et massacrer les bois trois ou quatre fois l'an ?
Ce gai chasseur, armant son fusil ou son piège,
Confine à l'assassin et touche au sacrilège.
Penser, voilà ton but ; vivre, voilà ton droit.
Tuer pour jouir, non. Crois-tu donc que ce soit
Pour donner meilleur goût à la caille rôtie
Que le soleil ajoute une aigrette à l'ortie,
Peint la mûre, ou rougit la graine du sorbier ?

Dieu qui fait les oiseaux ne fait pas le gibier.

Victor Hugo

mercredi 20 septembre 2017

670 - La vie n'a pas d'âge

Laos 2013                                       photo 1585 n&b 1/30

Laos :Vientiane, marché Khua Dinv. Cette vieille femme avait une peau fascinante, fripée au dela du raisonnable, les veines saillantes, comme en relief; on aurait dit qu'il n'y avait plus assez de corps pour remplir cette peau...


La vie n'a pas d'âge.
La vraie jeunesse ne s'use pas.
On a beau l'appeler souvenir,
On a beau dire qu'elle disparaît,
On a beau dire et vouloir dire que tout s'en va,
Tout ce qui est vrai reste là.
Quand la vérité est laide, c'est une bien fâcheuse histoire,
Quand la vérité est belle, rien ne ternit son miroir.
Les gens très âgés remontent en enfance
Et leur coeur bat
Là ou il n'y a pas d'autrefois.

Jacques Prévert

lundi 18 septembre 2017

669 - Mosaïque

Laos 2013                                                                            photo 2971   1/30

Laos : Savannakhet, la mosaïque des parasols du marché ....

" Tu n'as aucun tort. Mes aïeux
Ont du aimer ces basiliques
Où parmi l'or des mosaïques
Brillent des cailloux durs et bleus
..."
Anna de Noailles

jeudi 14 septembre 2017

668 - Fougères

France 2011                               photo 2789   1/30

Pléguien

Ô Forêt, toi qui vis passer bien des amants
Le long de tes sentiers, sous tes profonds feuillages,
Confidente des jeux, des cris et des serments,
Témoin à qui les âmes avouaient leurs orages.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes mousses et tes herbes,
Car ils ont trouvé là des baisers ingénus
Couleur de feuilles, couleur d'écorces, couleur de rêves.
Ô Forêt, tu fus bonne, en laissant le désir
Fleurir, ardente fleur, au sein de ta verdure.
L'ombre devint plus fraîche : un frisson de plaisir
Enchanta les deux cœurs et toute la nature.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes herbes solitaires
Et contempler, distraits, tes arbres ingénus
Et le pâle océan de tes vertes fougères.
Remy de Gourmont

mercredi 13 septembre 2017

667 - Fouillis

Thaïlande 2013                                                                    photo  2738   1/30

Thaïlande :Trat

" Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
..."
 Nérée Beauchemin

vendredi 8 septembre 2017

666 - Graphisme

Thaïlande 2013                                                                   photo 2737   1/30

Thaïlande : Trat

"...
Comme un mirage errant, je flotte et je voyage
Coloré par l'aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.
..."
 Louise Ackermann

jeudi 7 septembre 2017

665 - Le filet


France 2011                                                                           photo 2728  1/30

Saint-Quay Portrieux

Ceux-ci traînent leur vie
Comme un filet de pêche.


Sans hargne et sans un cri,
Sans que nul se dépêche,
Ils rassemblent ainsi
Ce que le temps leur laisse.


Quand il ont fait le tri
Des joies et des tristesses,


Ils recommencent, et puis,
Et toujours, et sans cesse,
Sans passion, sans souci,
Avec les moindres gestes


Ceux-ci traînent leur vie
Comme un filet de pêche.

Georges Tanneau

mardi 5 septembre 2017

664 - Dans la forêt pluviale

Thaïlande 2012                                       photo 2706  1/30

Thaïlande : parc national de Kao Yai

« Mais moi seul dans la grande nuit mouillée
L’odeur des lys et la campagne agenouillée [...]
– Tu périras d’oubli et  dévoré d’orgueil
– Oui mais l’odeur des lys la liberté des feuilles ! »
René Guy Cadou

lundi 4 septembre 2017

663 - Drôle de coco ce cola là !

Cambodge 2013                                      photo 2694 1/30

Cambodge : Phnom Penh, Où que vous soyez dans le monde, vous en trouverez. Le Coca-Cola est aujourd’hui un des symboles de la consommation de masse et de la mondialisation. 


" ...
Casse-couilles !
C C, va !
Coca-cola, va.
Playmobil.
Demi… demi-playmobil !
Mais enfin mademoiselle…
Enfin, je ne comprends… pas…
C.. C'est une méprise…
Gros puceau, va !
Ouais, tu veux que j'continue à t'insulter ?
Mais pourquoi tu restes là ?
Alleeez, vas-t'en !
Tu chantes, t'es poëte et t'es en manque…. Vas-t'en…
Sois gentil, rentres chez toi
Bois une bière au bar
J'ai déjà pas mal bu…
Qu'est-ce que tu veux ?
Mais BOOUUUGE !"

Philippe Katerine

vendredi 1 septembre 2017

662 - J’emplis mes narines de ces âpres parfums ...

Cambodge 2013                                                                  photo 2684   1/30

Cambodge : Phnom penh, beaucoup de choses se passent dans la rue ...

Aux vertiges de mes larges concupiscences,
Une inclinaison hardie pour les voluptés
Cajole mon cœur et ma phtisique existence
– Ainsi, je me consacre aux marcs ensorcelés.


J’abreuve mon esprit de cette douce essence
Et comme Sîn lune durant l’obscurité
Je serpente l’amer et cueille les fragrances
Délicates des lointains rivages sablés.


Et ces ténèbres m’enjôlent d’une langueur
Acrimonieuse et fascinante de saveurs.


J’emplis mes narines de ces âpres parfums
Et m’abandonne enivré aux philtres mystiques,
Encore un arôme de cannelle sur son sein.
L’ivresse est absolue – ma nymphéa d’Afrique.

Didier Sicchia, La rhétorique de l’ineffable,