lundi 30 mai 2016

550 - Marché khmer

Cambodge 2013                              photo 1904 n&b  1/30

Cambodge : Siem reap, Pshar Leu, le joyeux désordre des marchés asiatiques ...

" Tous ces râclements de voix
Huilent l’air dès les premières lueurs
Les trétaux éventrent le froid
De leurs pieds d’acier sans douceur
Des confins du lourd sommeil
Se déplient les jambes engourdies
Qui s’agitent entre les corbeilles
De légumes replets et de fruits
Des regards soupèsent le temps
Les premiers mots tanguent en surface
La gueule des camions géants
S’étire renifle à même l’espace
De larges mains gomment la nuit
De leurs gestes sûrs et rapides
Les couleurs se multiplient
Sur ce fond gris et insipide
Ah !
Que la vie est belle
..."

Didier Venturini, Jour de marché

vendredi 27 mai 2016

549 - Réparation du filet

Laos 2013                                                                     photo 1592  n&b  1/30

Laos : île de Don Khon,  village de Ban Khon, ici tout le monde pêche, les agriculteurs, les  pêcheurs, l'épicier et le policier local .... souvent, ils pêchent à l'épervier.

Le pêcheur, vidant ses filets,
Voit les poissons d’or de la Loire
Glacés d’argent sur leur nageoire
Et mieux vêtus que des varlets.
Teints encor des ardents reflets
Du soleil et du flot de moire,
Le pêcheur, vidant ses filets,
Voit les poissons d’or de la Loire.
Les beaux captifs, admirez-les !
Ils brillent sur la terre noire,
Glorifiant de sa victoire,
Jaunes, pourprés et violets,
Le pêcheur vidant ses filets.

Théodore de Banville, Les cariatides

mercredi 25 mai 2016

548 - Laisser rêver l'enfant qui dort

Indonésie 2015   photo 4631 n&b   1/30

Indonésie : dans le train vers Jogjakarta

Laissez rêver l’enfant qui dort
Aux fumées bleues des châteaux forts,
Laissez-lui démonter le ciel.
Dehors c’est toujours pareil… C’est toujours pareil 
Le coin des rues comme des frontières
Et toujours penser à se taire,
La ville encerclée sous le gel,
Depuis c’est toujours pareil.

Le temps malmène
Ces hommes qui traînent
Le poids de leur corps,
Leurs phrases vides,
Leurs larmes sèches,
Leurs années d’efforts,
Les rues immenses
Où le givre s’avance,
Et la patrouille dehors.

C’est à peine si les pavés résonnent
Sous le pas lourd des moitiés d’homme,
Les mains fermées sur leur colère,
Les yeux comme privés de lumière.

Peut-être, un jour, si Dieu s’en mêle,
La pluie remontera au ciel
Vers nos immobiles remords,
Mais c’est toujours pareil dehors.

Le temps malmène
Ces hommes qui traînent
Le poids de leur corps,
Leurs phrases vides,
Leurs larmes sèches,
Leurs années d’efforts,
Les rues immenses
Où le givre s’avance,
Et la patrouille dehors.

Et s’il veut vivre ici longtemps,
Surtout laissez rêver l’enfant…

Francis Cabrel

lundi 23 mai 2016

547 - Pûjâ

Inde 2014                                                                              photo 3368   1/30

Inde : Rameswaram, une pûjâ plage des pèlerins

  La pûjâ est un ensemble de rituels, complexe dans ses formes les plus développées, par lesquels on adore et vénère la divinité. Elle suit un déroulement codifié et implique des composantes matérielles (parfums, chants, objets, nourriture...) autant que des dispositions mentales et spirituelles si l'on veut qu'elle soit efficace. Elle commence par l'application sur le front d'un tilak (pottu en tamoul) de cendres de santal sur lequel on en trace un autre de vermillon, pour se placer sous la protection de la divinité. La pûjâ traditionnelle comporte un grand nombre d'étapes, constituées notamment de prières, de prosternations et d'offrandes (de fleurs, de nourriture, de parfums que l'on fait brûler...).

samedi 21 mai 2016

546 - La bénédiction du bus avant le départ des pèlerins

Inde 2014    photo 3067  1/30

Inde : Mahamalipuram, la bénédiction du bus avant le départ des pèlerins ...

Aimer n’est qu’un raccourci qui mène à comprendre que donner est une plus pure bénédiction que recevoir.

Le procès du docteur Scott de Frank G. Slaughter

jeudi 19 mai 2016

545 - Taces et Abécédaire : le G


Le G : la lettre Zayin
            la lettre Z

L'affrontement
Le Face-à-face


Voix, dans le vert
du plan d'eau strié.
Quand le martin-pêcheur
plonge vibre la seconde.

Paul Celan

mardi 17 mai 2016

544 - Les disparus de Tuol Seng S21

Cambodge 2013                                                                     photo 2698  1/30

Cambodge, Phnom Penh : Dans le camp de Tuol Seng S21, avec le sinistre 
Kaing Guek Eav, alias Duch, ce «Maître des forges de l’enfer»,  photos de disparus ...

" ...
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
..."
Louis Aragon, Le Roman Inachevé

samedi 14 mai 2016

543 - La marchande de coques

Cambodge 2013                                                                     photo 1958   1/30

Cambodge Ban Lung marché du matin, il fait 40° à l'ombre, la marchande 
de coques s'est endormie ...

" ...
Elle sème des souvenirs en automne
Elle oublie ses souvenirs en hiver
Elle chante la vie au printemps
Elle se tait, elle se tait en été
..."
Robert Desnos   Quatre saisons

jeudi 12 mai 2016

542 - Taces et Abécédaire : le F

La lettre F : La lettre vav
                    Le clou
                    Le lien


Le sexe est toujours une voyelle.

E. Jabès


La lettre F de l'alphabet latin n'est autre chose que le digamma grec dérivé du vau (clou) phénicien, emprunté lui même à un caractère de l'écriture hiératique des Egyptiens ...

mardi 10 mai 2016

541 - Les pêcheurs au lamparo

Thaïlande 2013                                                                      photo 2736  1/30

Au port de Trat, les pêcheurs au lamparo sont rentrés ...

«  L’Océan sonore
Palpite sous l’oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
.. »

Paul Verlaine   Poèmes saturniens

dimanche 8 mai 2016

540 - Cuisine extérieure

Inde 2014                                                     photo 3212  1/30

Inde : Thanjavur, la vieille femme prépare le repas ...

Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S’entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux violets, le rouge potiron,
La tomate vernie et le pâle citron.
Comme un grand cerf-volant la raie énorme et plate
Gît fouillée au couteau, d’une plaie écarlate.
Un lièvre au poil rougi traîne sur les pavés
Avec des yeux pareils à des raisins crevés.
D’un tas d’huîtres vidé d’un panier couvert d’algues
Monte l’odeur du large et la fraîcheur des vagues.
Les cailles, les perdreaux au doux ventre ardoisé
Laissent, du sang au bec, pendre leur cou brisé ;
C’est un étal vibrant de fruits verts, de légumes,
De nacre, d’argent clair, d’écailles et de plumes.
Un tronçon de saumon saigne et, vivant encor,
Un grand homard de bronze, acheté sur le port,
Parmi la victuaille au hasard entassée,
Agite, agonisant, une antenne cassée.

Albert Samain    Le chariot d’or

vendredi 6 mai 2016

539 - L'éveil de la rue

Inde 2014                                                                        photo 3100 n&b 1/30

Inde : Mamallapuram

Poésie de craie

à la poudre de riz

Poésie sacrée
Poudre de couleur

L'art éphémère

des femmes indiennes

Mandala indien

Dessin sacré
nous invitent au voyage

Prière peinte.
devant chez soi

Formes symétriques

qui s'effaceront au cours de la journée

(vent, pluie, pas humains)

Mandala de bienvenue à ce jour qui lève

 Le kolam


 Yaël

lundi 2 mai 2016

538 - Mangeons des bananes

Inde 2014    photo 4287 n&b  1/30

Inde : Mysore, autour du devaraja market, des montagnes de bananes ...

Domestiquée dans les terres de Nouvelle-Guinée,
Je me nomme Musa Acuminata Banksii.
De couleur verte ou jaune, je suis parfois tachetée
Et j’aiguise les sens par mes embruns parfumés.

De forme curviligne et bien proportionnée,
J’en ferai pâlir plus d’un, j’en suis presque certain.
Mon manteau épais a la légèreté du lin,
Mais il cache une robe au reflet immaculé.

Ravissante habillée ou toute dénudée,
Ma pulpe attise la convoitise d’être goûtée.
Quelque peu insipide est le premier contact,
Mais la suite est la signature à vie d’un pacte.

D’une infinie douceur, sensuelle et sucrée,
Un véritable bien-être m’envahit et m’apaise.
Je sens la chaleur qui me brûle comme de la braise,
Je me consume dans un bonheur inégalé.

Guillaume Guiet     La banane