vendredi 31 mars 2017
mercredi 29 mars 2017
629 - J'ai vu le menuisier
Inde 2015 photo 4901 n&b 1/30
Inde : Chennai, Chintadripet, le menuisier en plein boulot ....
J’ai vu le menuisier
Tirer parti du bois.
Tirer parti du bois.
J’ai vu le menuisier
Comparer plusieurs planches.
Comparer plusieurs planches.
J’ai vu le menuisier
Caresser la plus belle.
Caresser la plus belle.
J’ai vu le menuisier
Approcher le rabot.
Approcher le rabot.
J’ai vu le menuisier
Donner la juste forme.
Donner la juste forme.
Tu chantais, menuisier,
En assemblant l’armoire.
En assemblant l’armoire.
je garde ton image
Avec l’odeur du bois.
Avec l’odeur du bois.
Moi, j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil.
Et c’est un peu pareil.
Eugène Guillevic
lundi 27 mars 2017
628 - Bonjour
France 2017 photo 4976 1/30
Le printemps est là, et les marches du matin se montrent enchanteresses ….
Comme
un diable au fond de sa boîte,
Comme un diable au fond de sa boîte
le bourgeon s’est tenu caché...
mais dans sa prison trop étroite
il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d’ailes,
il a soif de grand jour et d’air...
il voudrait savoir les nouvelles,
il fait craquer son corset vert.
Puis, d’un geste brusque, il déchire
son habit étroit et trop court
« enfin, se dit-il, je respire,
je vis, je suis libre... bonjour ! »
Paul Géraldy Bonjour
vendredi 24 mars 2017
627 - " La vieille "
Cambodge 2013 photo 2040 1/30
Cambodge Ban Lung Village Tong Noolie
Ethnie Tompuons
Ethnie Tompuons
" Elle est ici « La vieille »
Assise sur ce banc
Là, au fond du parc
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Des pigeons pour seuls amis
Lui font la conversation
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Elle est bien seule
« La vieille »,
Personne ne pense à elle
« La vieille ».
Elle pourrait bien
Mourir demain
Qui sera là pour lui tenir
La main ?
Elle est si seule
« La vieille ».
Assise sur ce banc
Là, au fond du parc
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Des pigeons pour seuls amis
Lui font la conversation
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Elle est bien seule
« La vieille »,
Personne ne pense à elle
« La vieille ».
Elle pourrait bien
Mourir demain
Qui sera là pour lui tenir
La main ?
Elle est si seule
« La vieille ».
...
Elle pense et repense
Au bon vieux temps
A l’insouciance, aux fleurs des champs
A son enfance,
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Le soleil s’est éteint
Les pigeons se sont fait la malle
Elle n’est plus là
« La vieille »
Elle n’a plus mal…"
Au bon vieux temps
A l’insouciance, aux fleurs des champs
A son enfance,
Comme hier, comme toujours
Comme demain.
Le soleil s’est éteint
Les pigeons se sont fait la malle
Elle n’est plus là
« La vieille »
Elle n’a plus mal…"
Sandrine Davin
mercredi 22 mars 2017
626 - Comme un enfant
Cambodge 2013 photo 2036 1/30
Cambodge Ban Lung Village Tong Norlie
Ethnie Tompuons
Il avait appris à reconnaître
Dans le crible de la lumière
Son reflet le plus tendre,
L'orage futur à ces doigts roses
Qui s'étirent dans le couchant,
Et l'ombre toujours prête
Derrière la haie, serrant la corde
Aux terribles désirs de chair.
Mais il restait comme un enfant
Qui pousserait la dernière porte
De la douleur avant le ciel.
Gérard Bocholier
Ethnie Tompuons
Il avait appris à reconnaître
Dans le crible de la lumière
Son reflet le plus tendre,
L'orage futur à ces doigts roses
Qui s'étirent dans le couchant,
Et l'ombre toujours prête
Derrière la haie, serrant la corde
Aux terribles désirs de chair.
Mais il restait comme un enfant
Qui pousserait la dernière porte
De la douleur avant le ciel.
Gérard Bocholier
lundi 20 mars 2017
625 - La jeune fille mélancolique
Cambodge 2013 photo 2030 1/30
Cambodge Ban Lung Village Tong Norlie
Ethnie Tompuons
Ethnie Tompuons
Brune à la taille svelte, aux grands yeux noirs, brillants,
À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants,
Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche,
La jeune fille plaît : ou réservée ou franche,
Mélancolique ou gaie, il n'importe ; le don
De charmer est le sien, autant par l'abandon
Que par la retenue ; en Occident, Sylphide,
En Orient, Péri, vertueuse, perfide,
Sous l'arcade moresque en face d'un ciel bleu,
Sous l'ogive gothique assise auprès du feu,
Ou qui chante, ou qui file, elle plaît ; nos pensées
Et nos heures, pourtant si vite dépensées,
Sont pour elle. Jamais, imprégné de fraîcheur,
Sur nos yeux endormis un rêve de bonheur
Ne passe fugitif, comme l'ombre du cygne
Sur le miroir des lacs, qu'elle n'en soit, d'un signe
Nous appelant vers elle, et murmurant des mots
Magiques, dont un seul enchante tous nos maux.
Éveillés, sa gaîté dissipe nos alarmes,
Et lorsque la douleur nous arrache des larmes,
Son baiser à l'instant les tarit dans nos yeux.
La jeune fille ! — elle est un souvenir des cieux,
Au tissu de la vie une fleur d'or brodée,
Un rayon de soleil qui sourit dans l'ondée !
À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants,
Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche,
La jeune fille plaît : ou réservée ou franche,
Mélancolique ou gaie, il n'importe ; le don
De charmer est le sien, autant par l'abandon
Que par la retenue ; en Occident, Sylphide,
En Orient, Péri, vertueuse, perfide,
Sous l'arcade moresque en face d'un ciel bleu,
Sous l'ogive gothique assise auprès du feu,
Ou qui chante, ou qui file, elle plaît ; nos pensées
Et nos heures, pourtant si vite dépensées,
Sont pour elle. Jamais, imprégné de fraîcheur,
Sur nos yeux endormis un rêve de bonheur
Ne passe fugitif, comme l'ombre du cygne
Sur le miroir des lacs, qu'elle n'en soit, d'un signe
Nous appelant vers elle, et murmurant des mots
Magiques, dont un seul enchante tous nos maux.
Éveillés, sa gaîté dissipe nos alarmes,
Et lorsque la douleur nous arrache des larmes,
Son baiser à l'instant les tarit dans nos yeux.
La jeune fille ! — elle est un souvenir des cieux,
Au tissu de la vie une fleur d'or brodée,
Un rayon de soleil qui sourit dans l'ondée !
Théophile Gautier
vendredi 17 mars 2017
624 - La petite fille qui voulait à tous prix venir dans mes bras
Cambodge 2013 photo 2014 1/30
Cambodge Ban Lung Village de Thang Blint
Ethnie Kroeung
Ethnie Kroeung
Tout dans l'immuable nature
Est miracle aux petits enfants ;
Ils naissent, et leur âme obscure
Éclot dans des enchantements.
Le reflet de cette magie
Donne à leur regard un rayon.
Déjà la belle Illusion
Excite leur frêle énergie.
L'inconnu, l'inconnu divin,
Les baigne comme une eau profonde ;
On les presse, on leur parle en vain,
Ils habitent un autre monde ;
Leurs yeux purs, leurs yeux grands ouverts,
S'emplissent de rêves étranges.
Oh ! qu'ils sont beaux, ces petits anges
Perdus dans l'antique univers.
Leur tête légère et ravie
Songe tandis que nous pensons ;
Ils font de frissons en frissons
La découverte de la vie.
Anatole France
Est miracle aux petits enfants ;
Ils naissent, et leur âme obscure
Éclot dans des enchantements.
Le reflet de cette magie
Donne à leur regard un rayon.
Déjà la belle Illusion
Excite leur frêle énergie.
L'inconnu, l'inconnu divin,
Les baigne comme une eau profonde ;
On les presse, on leur parle en vain,
Ils habitent un autre monde ;
Leurs yeux purs, leurs yeux grands ouverts,
S'emplissent de rêves étranges.
Oh ! qu'ils sont beaux, ces petits anges
Perdus dans l'antique univers.
Leur tête légère et ravie
Songe tandis que nous pensons ;
Ils font de frissons en frissons
La découverte de la vie.
Anatole France
jeudi 16 mars 2017
623 - Dors ! petit enfant ...
Cambodge 2013 photo 2012 1/30
Cambodge Ban Lung Village de Thang Blint
Ethnie Kroeung
Ethnie Kroeung
Dors ! Dors ! petit enfant blotti dans nos refuges ;
Tu es le nourrisson par les Muses nourri,
Tes rires et tes pleurs se noient dans nos déluges
Entre soleil et pluie, en nos rêves tu vis.
Nos doigts te dessinent sur mon ventre brûlant ;
Ton visage d'ange a les traits de l'envie
Et ta peau le velours d'une fleur de printemps
Qui perce la neige et la mélancolie.
À tes cheveux bouclés se pendent les étoiles
Et dans tes yeux de nuit se perdent nos sanglots.
Le vent d'amour souffle sur un bateau à voiles
Perdu dans le désert d'une mer sans rouleaux.
Il n'est plus pur désir que te tendre nos bras,
Et t'apprendre à aimer la vie et ses beautés,
À te tenir la main au premier de tes pas
Et te bercer le soir au murmure des fées.
Dors ! Dors ! petit enfant blotti dans nos refuges ;
Tu es le nourrisson par les Muses nourri,
Tes rires et tes pleurs se noient dans nos déluges
Entre soleil et pluie, en nos rêves tu vis.
Michèle Brodowicz.
Tu es le nourrisson par les Muses nourri,
Tes rires et tes pleurs se noient dans nos déluges
Entre soleil et pluie, en nos rêves tu vis.
Nos doigts te dessinent sur mon ventre brûlant ;
Ton visage d'ange a les traits de l'envie
Et ta peau le velours d'une fleur de printemps
Qui perce la neige et la mélancolie.
À tes cheveux bouclés se pendent les étoiles
Et dans tes yeux de nuit se perdent nos sanglots.
Le vent d'amour souffle sur un bateau à voiles
Perdu dans le désert d'une mer sans rouleaux.
Il n'est plus pur désir que te tendre nos bras,
Et t'apprendre à aimer la vie et ses beautés,
À te tenir la main au premier de tes pas
Et te bercer le soir au murmure des fées.
Dors ! Dors ! petit enfant blotti dans nos refuges ;
Tu es le nourrisson par les Muses nourri,
Tes rires et tes pleurs se noient dans nos déluges
Entre soleil et pluie, en nos rêves tu vis.
Michèle Brodowicz.
mercredi 15 mars 2017
622 - Les deux sœurs
Cambodge 2013 photo 2008 1/30
Cambodge : Ban Lung, Village O'Chum, les deux sœurs
"De ces deux jeunes sœurs je possède l'aînée,
Sa beauté claire brune a tout ce que je veux,
Mais comme son amour m'engage dans ses nœuds
Mon amour la ravit et la tient enchaînée.
Sa cadette pourtant me semble si bien née,
Sa bonté naturelle est si douce à mes vœux,
Ses yeux ont tant de traits, ses traits ont tant de feux,
Que mon âme se plaît d'en être illuminée.
Sa beauté claire brune a tout ce que je veux,
Mais comme son amour m'engage dans ses nœuds
Mon amour la ravit et la tient enchaînée.
Sa cadette pourtant me semble si bien née,
Sa bonté naturelle est si douce à mes vœux,
Ses yeux ont tant de traits, ses traits ont tant de feux,
Que mon âme se plaît d'en être illuminée.
..."
Guillaume Colletet
lundi 13 mars 2017
621 - Le couple
Cambodge 2013 photo 2002 1/30
Cambodge environs de Ban Lung Village Kroeung de Yoek Lom
" Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois,
Les couples, enchantés par l'éther frais et rose,
Ont ressenti l'amour comme une apothéose ;
Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.
Les couples, enchantés par l'éther frais et rose,
Ont ressenti l'amour comme une apothéose ;
Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.
..."
René-François Sully Prudhomme
vendredi 10 mars 2017
620 - Ivresse suite
Cambodge 2013 photo 1998 1/30
Cambodge environs de Ban Lung Village Kroeung de Yoek Lom
Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
À travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s’en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.
Il s’en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.
J’ai demandé souvent à des vins captieux
D’endormir pour un jour la terreur qui me mine ;
Le vin rend l’œil plus clair et l’oreille plus fine !
D’endormir pour un jour la terreur qui me mine ;
Le vin rend l’œil plus clair et l’oreille plus fine !
J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux ;
Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861
jeudi 9 mars 2017
619 - Ivresse
Cambodge 2013 photo 1997 1/30
Cambodge : environs de Ban Lung, Village Kroeung de Yoek Lom.
Arrivé un peu par hasard, je dus me plier au rituel de l'alcool de riz !
Comme bercée en un hamac
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure où tout estomac
Dans un flot d’absinthe se noie.
La pensée oscille et tournoie,
A cette heure où tout estomac
Dans un flot d’absinthe se noie.
Et l’absinthe pénètre l’air,
Car cette heure est toute émeraude.
L’appétit aiguise le flair
De plus d’un nez rose qui rôde.
Car cette heure est toute émeraude.
L’appétit aiguise le flair
De plus d’un nez rose qui rôde.
Promenant le regard savant
De ses grands yeux d’aigues-marines,
Circé cherche d’où vient le vent
Qui lui caresse les narines.
De ses grands yeux d’aigues-marines,
Circé cherche d’où vient le vent
Qui lui caresse les narines.
Et, vers des dîners inconnus,
Elle court à travers l’opale
De la brume du soir. Vénus
S’allume dans le ciel vert-pâle.
Elle court à travers l’opale
De la brume du soir. Vénus
S’allume dans le ciel vert-pâle.
Charles Cros, Le coffret de santal
mercredi 8 mars 2017
lundi 6 mars 2017
618 - La petite marchande de fleurs
Cambodge 2013 photo 2426 n&b 1/30
Cambodge : Kampong Chnang, marché
Le soleil froid donnait un ton rose au grésil,
Et le ciel de novembre avait des airs d’avril,
Nous voulions profiter de la belle gelée.
Moi chaudement vêtu, toi bien emmitouflée
Sous le manteau, sous la voilette et sous les gants,
Nous franchissions, parmi les couples élégants,
La porte de la blanche et joyeuse avenue,
Quand soudain jusqu’à nous une enfant presque nue
Et livide, tenant des fleurettes en main,
Accourut, se frayant à la hâte un chemin
Entre les beaux habits et les riches toilettes,
Nous offrir un bouquet de violettes.
Elle avait deviné que nous étions heureux
Sans doute, et s’était dit : “ ils seront généreux ”.
Elle nous proposa ses fleurs d’une voix douce,
En souriant avec ce sourire qui tousse,
Et c’était monstrueux, cette enfant de sept ans
Qui mourait de l’hiver en offrant le printemps.
Ses pauvres petits doigts étaient pleins d’engelures.
Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures,
Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon,
Et je touchais ta main chaude dans ton manchon.
Nous fîmes notre offrande, amie, et nous passâmes ;
Mais la gaîté s’était envolée, et nos âmes
Gardèrent jusqu’au soir un souvenir amer.
Mignonne, nous ferons l’aumône cet hiver.
Et le ciel de novembre avait des airs d’avril,
Nous voulions profiter de la belle gelée.
Moi chaudement vêtu, toi bien emmitouflée
Sous le manteau, sous la voilette et sous les gants,
Nous franchissions, parmi les couples élégants,
La porte de la blanche et joyeuse avenue,
Quand soudain jusqu’à nous une enfant presque nue
Et livide, tenant des fleurettes en main,
Accourut, se frayant à la hâte un chemin
Entre les beaux habits et les riches toilettes,
Nous offrir un bouquet de violettes.
Elle avait deviné que nous étions heureux
Sans doute, et s’était dit : “ ils seront généreux ”.
Elle nous proposa ses fleurs d’une voix douce,
En souriant avec ce sourire qui tousse,
Et c’était monstrueux, cette enfant de sept ans
Qui mourait de l’hiver en offrant le printemps.
Ses pauvres petits doigts étaient pleins d’engelures.
Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures,
Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon,
Et je touchais ta main chaude dans ton manchon.
Nous fîmes notre offrande, amie, et nous passâmes ;
Mais la gaîté s’était envolée, et nos âmes
Gardèrent jusqu’au soir un souvenir amer.
Mignonne, nous ferons l’aumône cet hiver.
François Coppée, La petite marchande de fleurs
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